Message de la Palestine aux États-Unis d'Amérique

Le Palestine Global Mental Health Network condamne avec force les meurtres incessants de palestiniens et de noirs américains imputables aux idéologies racistes et coloniales des gouvernements états-uniens et israéliens qui approuvent et encouragent la violence contre « l'autre ». Tout en reconnaissant les différences de contexte et de circonstances historiques qui caractérisent ces oppressions, nous considérons que les luttes des palestiniens et des noirs Américains se rejoignent. Les régimes, qu'ils ferment les yeux aux meurtres de noirs américains ou de palestiniens, participent de la même mentalité coloniale bâtie sur une idéologie de suprématie.

Le 13 mai, 2020, Mustafa Younis, un homme de 26 ans atteint de troubles psychiatriques, fut tué en présence de sa mère au moment de son entrée dans un hôpital israélien où il devait subir des examens préalable à une chirurgie cérébrale. Le 30 mai, 2020, Eyad Hallaq, un homme de 32 ans diagnostiqué avec un trouble du spectre autistique, fut tué alors qu'il se rendait à son centre d'éducation spécialisée dans la Vieille Ville de Jérusalem Est. La balle qui le tua fut tirée de près, malgré qu'il se trouvait déjà gisant au sol, avec une première balle dans la jambe. Ni Younis ni Hallaq ne pouvait représenter une quelconque menace pour la vie des policiers qui les ont tués. On les a assassinés uniquement parce qu'ils étaient des palestiniens. En tant que professionnel.le.s de la santé mentale, nous insistons sur les meurtres de Younis et de Hallaq parce qu'ils souffraient de troubles mentaux-- et parce que leurs handicaps ne les ont pas protégés contre le meurtre. Ces crimes incessants contre des palestiniens ne sont point des actes uniques mais le résultat d'une idéologie raciste qui encourage la violence contre les membres de notre communauté palestinienne.

Il s'agit de crimes d'état visant à éliminer le peuple palestinien : les victimes palestiniennes ne présentent souvent aucune menace, et la plupart du temps, les responsables ne sont pas poursuivis ou, au mieux, s'en sortent avec une tape sur la main.

Le 25 mai, 2020, George Floyd, un noir américain de 46 ans, fut assassiné par un officier de police blanc. Floyd, menotté et couché, visage au sol, a répété les mots, « Je ne peux respirer », jusqu'à ce qu'il perde conscience. La scène fut captée par plusieurs portables. Sa mort fut le résultat de la structure raciste et oppressive du système policier états-unien qui laisse faire ces crimes. Que l'on ne se trompe pas – ces actes meurtriers contre les noirs américains et contre les palestiniens ne sont pas des incidents isolés. Les politiques israéliennes de nettoyage ethnique visent à éradiquer l'existence de la Palestine -- et le racisme systémique aux USA contribue activement à la destruction des noirs américains. Ces crimes non sanctionnés par l'état se nourrissent d'une idéologie qui marque au fer rouge les palestiniens et les noirs comme « autre » – un « autre » dont l'existence même constitue une « menace » et dont la vie ne compte pas ; une telle idéologie met, en effet, tout « autre » en danger de disparition.

Nous ne voulons pas procéder à des équivalences approximatives entre la souffrance d'un peuple opprimé et celle d'un autre ; cependant,poursuivant la lutte pour notre libération, nous reconnaissons que la nôtre en tant que palestinien.ne.s ne saurait s'accomplir sans celle d'autres peuples opprimés. La déshumanisation systématique et la discrimination contre les individus sur la base de leur couleur de peau, leur religion, ou leur ethnicité n'est ni sporadique ni contingente. Nous, les professionnel.le.s de la santé mentale en Palestine, croyons fermement que les coupables ne sont pas ce qui ont activé la gâchette, mais les mentalités hégémoniques, racistes et coloniales, pour qui la vie d'un arabe est superflue. Pour la puissance coloniale israélienne, « le seul bon arabe est un arabe mort ». La brutalité des forces coloniales israéliennes devient chaque jour plus évidente pour le monde entier et il faut la faire cesser. Nous demandons à nos collègues dans les professions de la santé mentale – individus et organisations – de prendre position et de nous aider à préserver les vies et la dignité des vulnérables et des opprimés. Il s'agit de nos valeurs morales les plus fondamentales ; c'est en vertu de celles-ci que nous avons choisi notre vocation.

Nous vous appelons donc à :

  • Condamner les meurtres de palestiniens et de noirs américains,

  • Défaire les systèmes d'oppression et d'injustice en obligeant les responsables à rendre compte de leurs crimes.

  • Faire cesser « l'échange mortel » par lequel on envoie des policiers des USA, du Brésil, de la

  • France et d'autres pays, à s'entraîner avec les forces militaires israéliens, échangeant des tactiques qui facilitent des pratiques policières discriminatoires et répressives.

  • Demander que l'on mette fin à l'aide militaire d'un montant de 3,8 milliards que fournit les

  • États Unis à Israël, utilisé pour réduire à néant le peuple palestinien.

  • Exiger que l'on cesse toute collaboration avec des organisations académiques et professionnelles qui, depuis des décennies, ont promu et contribué aux politiques d'apartheid

    d’Israël.

  • Mettre toute pression possible sur les organisations professionnelles de santé mentale pour qu'elles ne tiennent pas leurs colloques et autres rencontres en Israël.